Théâtre

MATKA (La Mère)

Un drame de Július Barč-Ivan (Slovaquie)

Mise en scène Maria Zachenska

avec les compagnies BlonBa (Mali) et Parallèles (France)

 

Le propos

Matka est un drame familial et social traversé d’événements surnaturels.

 Pitch : Une mère se sacrifie pour empêcher ses deux fils de s’entretuer.

L’histoire : L’histoire : Pavol est parti en Amérique. Yann est resté au village avec la mère, empochant au passage la part de Pavol dans l’héritage de leur père. Quand Pavol rentre inopinément, Yann en conçoit une haine contre son frère, une haine qui grandit de jour en jour à cause d’une rivalité amoureuse. La mère pressent le dénouement sanglant. Au moment où Yann attaque Pavol au couteau, elle éteint la lumière et se jette entre ses fils.

L’auteur

Július Barč-Ivan (1909-1953) est un écrivain, journaliste et dramaturge slovaque, né dans une famille d’enseignants bilingue (sa mère était d’origine hongroise). Il fait des études de droit, puis de théologie et deviendra pasteur à Pozdisovce, puis administrateur de l’église évangélique. Il se marie en 1948, mais son mariage ne dure que trois mois. Ses écrits sont influencés par des auteurs tels qu’Ibsen, Strindberg, Barlach, Dostoïevski. Son premier livre est un recueil de trois nouvelles publié en 1933. Comme auteur dramatique, il ouvre l’écriture et l’art dramatiques slovaques, jusque là limités à des comédies folkloriques, à de nouvelles formes et à de nouvelles thématiques, notamment des thématiques sociales. Il écrit des pièces de tonalité assez différentes : « 3000 gens” raconte la vie difficile des ouvriers sans emploi ; « La marmite grasse” est une farce sur le carriérisme ; « La Mère” est un drame familial qui touche par moment à la tragédie ; ”L’inconnu” et « Les deux” drames dits analytiques, mettent en scène des problèmes d’ordre philosophique. Július Barč-Ivan meurt en 1953.

La metteure-en-scène

Maria Zachenska assure avec Jean-Louis Sagot-Duvauroux la conduite du théâtre de l’Arlequin, à Morsang-sur-Orge (91). Elle a été formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Prague, spécialisation mise en scène.

Entre 1991 et 1995, elle monte Mataï, création d’après la mythologie slovaque, ensuite Tourguéniev (Une soirée à Sorrente et L’Imprudence), Goldoni (Impresario della Smirna), Arrabal (Le Tricycle), Witkiewicz (La sonate de Belzébuth) et Ghelderode (Magie rouge) dans des théâtres pragois, principalement au Théâtre v Celetne et au Théâtre v Reznicke.

En 1995 elle s’installe à Paris, où elle est engagée par Niels Arestrup comme enseignante d’art dramatique à l’Ecole du Passage.

Elle met alors en scène :

1996 – Le Duel, la nouvelle de Tchékhov, texte M. Zachenska et N. Struve, au Théâtre de la Tempête, Paris,

1997 – Sophonisbe de John Marston, au Théâtre de Proposition, Paris,

1998 – Les Trois Soeurs de Tchékhov dans une nouvelle traduction de Nicolas Struve, à la Scène nationale de Bayonne, au Théâtre de l’Opprimé et dans le Groupe des 20 en Ile de France,

1999 – Un fatal jeu d’amour des frères Capek, dont elle a également fait la traduction du tchèque et l’adaptation, au Théâtre de l’Echangeur, de l’Opprimé et au CdBM Le Perreux,

2000 – Ruy Blas de Victor Hugo, spectacle-phare du Festival de la Luzège 2000, ATP Terres du Sud et ATP Epinal

2002 – Souvenirs de Monte-Cristo d’après Alexandre Dumas, texte M. Zachenska, théâtre de clown, bilingue franco-tchèque, dans le cadre de La Saison Tchèque en France, au Théâtre du Conservatoire National à Prague et au Théâtre International de la Langue Française à Paris

2003 – Le Babil des classes dangereuses de Valère Novarina, à L’étoile du nord – Paris,

2004 – Cinq clowns, d’après James Ellroy, texte M. Zachenska, au Th. de l’Opprimé – Paris,

2006 – Les Directeurs de Daniel Besse, traduction tchèque M.Zachenska, au Théâtre Na Zabradli – Prague.

2008 – Cette nuit, inspiré de Dostoïevski, texte M.Zachenska ; L’étoile du nord à Paris et CdBM – Le Perreux. Rousslan et Ludmilla d’après Pouchkine, spectacle de clown jeune public ; L’étoile du nord – Paris

2008 – Jour bissextile d’après les extraits de l’Idiot de Dostoïevski, spectacle en appartement ; Le Perreux

2009 – La traversée de l’homme en feu, de Kelly McAllister, Théâtre Na Zabradli – Prague

2011 – Zem (La terre), de V.H.Vladimirov, Théâtre Arena – Bratislava

2012 – Macbeth théâtre de clown, d’après Shakespeare, Théâtre de l’Arlequin Morsang sur Orge, Th. de Belleville – Paris, Festival d’Avignon Off, tournée CCAS, tournée en France et en Suisse

2016 – Hetero de Denis Lachaud, dont elle a fait également la traduction en slovaque, Théâtre Arena – Bratislava

2016 – Othello théâtre de clown, d’après Shakespeare, Théâtre de l’Arlequin – Morsang, Festival de l’Arguël, Festival d’Avignon Off, tournée française

2019 – Richard III théâtre de clown, d’après Shakespeare, Théâtre de l’Arlequin – Morsang sur Orge

Comme comédienne, elle a travaillé 

– à la radio avec Christine Bernard-Sugy, Blandine Masson, Jean-Matthieu Zahnd, Michel Sidoroff

– pour la télévision dans Pagnol&Cie film de Alain Ferrari, Arte France

– au théâtre avec Claude Merlin, Jean-Pierre Brière, Adel Hakim, Hervé Petit, Benoît Lambert, P.A.Chapuis, Nicolas Struve

Pourquoi un Matka franco-maliano-slovaque

Par Maria Zachenska

Le théâtre de l’Arlequin où je travaille a la particularité unique en France d’avoir été confié à l’antenne française d’une compagnie malienne. Je suis moi-même venue d’ailleurs. C’est en Slovaquie que je suis née, que j’ai passé mon enfance et ma jeunesse, que j’ai appris l’art du théâtre comme actrice et metteure-en-scène. Au départ de ce projet, il y a ce petit réseau international constitué au hasard de nos existences dans notre XXIe siècle mondialisé.

Et puis, en 2019, notre théâtre accueillait l’équipe malienne de BlonBa avec Un appel de nuit, une pièce de Moussa Konaté mise en scène à Bamako par Patrick Le Mauff. Assise dans le public, je regardais les comédiens maliens jouer et j’avais l’impression de voir les drames qui ont, du moins dans mon imaginaire, abreuvé l’enfance paisible que je passais en Slovaquie. La Slovaquie, pays d’émigrés. Au cours du siècle dernier, surtout entre les deux guerres, au moins un million de Slovaques sont partis vivre ailleurs, un quart de la population.

J’avais le sentiment de me sentir plus proche de Maliens qui jouaient sur le plateau que de Français présents dans le public. Et même si je considère que mon émigration personnelle n’était pas économique mais artistique, je retrouvais en moi les questions que pose le ”grand déménagement”: l’obligation de réussite, la douloureuse résistance à l’appel du pays d’origine, la honte secrète d’avoir trahi, l’envie de vivre des deux côtés, les justifications abracadrabrantes, les comparaisons sans fin, les hommages vibrants, les explications aux enfants…

Je regardais jouer Maïmouna Doumbia, splendide tragédienne, et l’image de La Mère dans Matka de Barc-Ivan s’est imposée. L’incroyable force émotionnelle sonnait juste chez elle et chez tous les comédiens de la distribution. Matka est un drame. Un peu rural, un peu slovaque, un peu malien. Qui permet d’explorer non pas le pays d’accueil mais le pays d’origine. Ça fait du bien de mettre le pays d’origine sous les feux de la rampe.

Dans Matka, l’émigration n’est pas le thème central, mais un élément déclencheur, un fond sonore en sourdine. La suite s’ouvre avec les mots-clés comme père, mère, frère, fils, douleur, pouvoir, trahison, haine, amour, peur, espoir ; ce sont les mots-refrain de Július Barč-Ivan. La parole a une tonalité biblique, elle est soutenue par des émotions démesurées.

La Mère est presqu’une sainte, avec des dons surnaturels ; elle est la mère-sagesse, la mère-douleur, jusqu’au sacrifice ultime. Pavol est le fils gentil et passionnément aimant, Yann le fils rude et secret. Katia est une jeune fille fantasque. La Voisine représente la voix du village, à la manière du chœur dans la tragédie grecque.

Injouable. C’est ce que j’ai toujours pensé, jusqu’à ce que je voie Maïmouna Doumbia et les autres comédiens de BlonBa magnétiser la scène avec un don rare et précieux : jouer tout en émotion sans jamais basculer dans le ridicule.

 

Telle est la genèse de ce projet.

Et maintenant, au travail. Mettre en scène Matka, c’est travailler la contradiction entre le réalisme des actions et le lyrisme de la parole. Le texte fait appel à de nombreux détails réalistes mais il le fait avec une tenue exceptionnelle propre aux grands drames en vers. Rien ne peut davantage provoquer un metteur en scène.

Autre contradiction, celle des époques et des lieux, très attirante : Matka est un classique régulièrement monté en Slovaquie, avec d’inévitables contours folkloriques qui correspondent à la manière de vivre et de s’habiller à l’époque du drame. Le déplacement de cette histoire en Afrique en aura nécessairement les contours. Et alors, quel plaisir de superposer les deux « contours » pour produire le jeu et les images.

 

La production

Le montage de la production de ce Matka franco-slovaquo-malien est en cours. Il repose sur un triptyque international.

France : BlonBa/Parallèles/Théâtre de l’Arlequin/Essonne-Mali Festival

Les Compagnies BlonBa et Parallèles, le Théâtre de l’Arlequin qui leur a été confié et l’Essonne-Mali Festival qu’organise le réseau Essonne-Mali (coopération décentralisée) sont les partenaires initiaux de ce Matka.

Slovaquie : Théâtre Jan Palarik de la ville de Trnava

Le Théâtre Jan Palarik de Trnava accueillera Matka dans son majestueux bâtiment baroque et est le point d’appui du projet en Slovaquie.

Mali : Culture en partage, Promotion des arts au Mali, Cie BlonBa

Le réseau Culture en partage est le référent malien du théâtre de l’Arlequin et l’association malienne Promotion des arts au Mali en assure le fonctionnement administratif. La Cie BlonBa est un des piliers du réseau Culture en partage. C’est au Mali et avec les comédiens de BlonBa que se dérouleront l’essentiel des répétitions.Les fonds réunis décideront de l’agenda du spectacle (si possible saison 2020-2021, sinon 2021-2022).