Le concept :
La proposition, portée par Culture en partage à partir d’un spectacle de BlonBa, consiste dans des parcours d’action et de diffusion culturelle constitués d’ateliers de création artistique danse/vidéo couplés avec des représentations d’un spectacle de théâtre forum. La thématique du spectacle et des ateliers est la réconciliation et la résolution des conflits. Le dispositif est imaginé pour favoriser l’implication maximum des publics concernés autour de ces enjeux décisifs pour le Mali d’aujourd’hui.
Un spectacle de théâtre forum « La chèvre de Boubakar »
Chaque nuit, la chèvre de Boubakar parvient à s’échapper de son enclos et ravage le potager d’une voisine. Les enfants de la cultivatrice prennent l’animal au piège et l’amènent au chef du village. Celui-ci convoque Boubakar devant le conseil de village pour examiner les dommages et les réparations. Ce spectacle est composé d’une partie théâtrale où les faits sont représentés par un comédien, un comédien/danseur et un percussionniste. Puis c’est le public qui joue le rôle du conseil de village et la pièce se transforme en théâtre-forum, chacun étant invité à donner son avis sur la meilleure façon d’apaiser la dispute. L’histoire est emblématique de « la mère des conflits », les relations difficiles entre éleveurs et cultivateurs. Elle est l’occasion de travailler la question de la réconciliation et de l’apaisement des tensions sociales, dont l’urgence est aujourd’hui particulièrement ressentie par le Mali. Une version centrafricaine de La Chèvre de Boubakar a été créée à Bangui, fruit d’un fécond partenariat entre artiste du Mali et de Centrafrique. Ce spectacle tourne depuis dans la RCA grâce au parrainage d’agences de l’ONU, notamment la FAO.
Des ateliers sur le thème « Un jour où j’ai fait la paix »
Pour renforcer l’impact du spectacle, il peut être inscrit dans des parcours d’action culturelle constitués par des ateliers danse/vidéo qui se tiennent en amont des représentations et en reprennent la thématique.. Ces ateliers sont conduits par les artistes de La Chèvre de Boubakar (danse, comédie, musique). Ils réunissent des participants volontaires qui sont invités à chercher dans leur expérience « Un jour où j’ai fait la paix », c’est à dire l’histoire d’une réconciliation grande ou petite. Les différents témoignages sont exposés devant la caméra par celle ou celui qui les a vécus. A partir de ces modules vidéo de 3 à 5 mn, l’atelier recherche collectivement des gestes et/ou des danses qui peuvent en exprimer la substance. Un travail chorégraphique est engagé avec la personne qui a été filmée. Le module définitif est constitué d’un dialogue entre la vidéo projetée sur un écran et la chorégraphie interprétée en direct par la personne qui a donné le témoignage filmé.
Deux exemples de modules vidéo/danse « Un jour où j’ai fait la paix »
« La chèvre de Boubakar » présentée dans l’enceinte de la FAO (Bangui, Centrafrique)
La chèvre de Boubakar a été présentée le 26 novembre dernier à la Représentation de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture(FAO) en présence de ses staffs et du public venu d’ailleurs. C’est une pièce théâtrale, montée sous forme d’un tribunal coutumier, une vraie démarche de résolution de conflit entre des groupes de personnes vivant dans une même communauté.
Ils étaient nombreux, staffs de la FAO, des étudiants du Département de Journalisme de l’Université de Bangui et autres partenaires, à venir assister à cette présentation culturelle aux environs de 15h pour laquelle, le Représentant de la FAO, M. Jean-Alexandre Scaglia, a invité personnellement, dans ses mots d’ouverture, le public d’être attentif. « C’est pour moi un réel plaisir de vous accueillir au sein de la Représentation de FAO, pour la présentation de cette pièce théâtrale, appelée la Chèvre de Boubakar. J’invite chacun d’entre nous, à suivre attentivement ce spectacle qui illustre le vécu du monde rural et qui nous rappelle, combien il est nécessaire de savoir régler les problèmes qui surgissent entre les gens qui partage un même lieu de vie. Le monde rural a besoin de paix pour se développer et le spectacle est un parfait exemple des voies à entreprendre pour régler nos différends », a lancé Jean-Alexandre Scaglia, Représentant de la FAO en Centrafrique à l’ouverture du spectacle.
Jouée par trois artistes dont l’auteur Comédien, Conteur, Dramaturge, Boniface Olsène Watanga, « La chèvre de Boubakar », a vite retenu l’attention des partenaires tel que l’Alliance Française de Bangui(AFB), la FAO et la Coopération Française, qui ont décidé de soutenir cette initiative, dès le début de mois de juin, à travers une tournée dans certains endroits de Centrafrique, un pays en proie à de violences intercommunautaires.
Pendant 45 minutes, les trois acteurs sur scène jouent les personnages, à la fois préparent le public au débat qui suivra, sur le sujet du spectacle. À ce niveau, comment, un cultivateur et un éleveur peuvent ne pas s’entendre quand une chèvre, dans sa quête de bonnes herbes, va brouter dans le champ d’un cultivateur ? S’interroge Boniface Olsène Watanga dans son résumé.
« La chèvre de Boubakar va ravager les cultures d’Ernestine. Prise au piège, elle est présentée au Chef du village qui convoque Boubakar devant le grand conseil du village pour qu’il repende des faits de sa chèvre. Le village se réuni dans la cour du Chef. Dans l’intérêt de préserver la cohésion sociale et le vivre ensemble, Boubakar propose alors une solution qui satisfait tout le village », a résumé l’auteur Comédien, Conteur, Dramaturge, Boniface Olsène Watanga.
Pour le public, ce fut une agréable surprise de voir la réalité du monde rural mise en scène ce jour-là. «Je suis à la fois surprise et heureuse de vivre ce moment de spectacle. Je me sens personnellement interpellée par la question de la cohésion sociale dans notre pays, dans ma communauté, dans ma famille. J’en parlerai autour de moi sans doute. Je profite pourremercier la FAO, l’Alliance Française de Bangui et leurs partenaires, de nous avoir fait sourire mais nous éduqué aussi, à travers la Chèvre de Boubakar », a témoigné Miriam Bamanda, étudiante en 2e année des Sciences de la Terre à l’Université de Bangui.
La chèvre de Boubakar a été pour la première fois présentée à l’Alliance Française de Bangui, au quartier Boye-rabe, dans le quatrième arrondissement, puis à l’Université de Bangui avant son apparition à la Représentation de la FAO. Cette présentation se poursuivra dans les mois à venir, dans d’autres endroits de la République centrafricaine tel que, siège de la croix rouge au km5, Lycée de Fatima, Archevêché de Bangui, Mairie de Pétévo, Institut Supérieur de Développement Rural(ISDR), Assemblée Nationale, Boda, Berberati, Bouar, Bria et Bambari.
Ce n’est pas la première fois que les trois partenaires, l’Alliance Française de Bangui, la FAO et la Coopération Française se mettent ensemble pour soutenir de telle initiative visant à mettre en exergue les atouts du monde rural. En 2015, sur l’engagement de ces mêmes partenaires, une autre pièce théâtrale, dénommée « La soupe de Sidonie », une création adaptée par Jean-Louis Sagot-Duvauroux du spectacle de la compagnie malienne BlonBa «Bougouniéré invite à dîner», a connu le même succès que celui que « La chèvre de Boubakar » est en train de vivre.
De Rosmon sur lettimbi.canalblog.com
La maison des arts / Djicoroni para
Adama Bagayoko, Boniface Olsène Watanga, Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Modibo Konaté